contradiction
-
French contradiction
- Par Pierre Pellegrini
- Le 25/08/2015
- 3 commentaires
Le français regarde et écoute le JT de 20 h, avec une conviction profonde, et est assuré de connaître la vérité sur tout grâce à lui.
Le français vote à droite pour punir la gauche.
Le français préfère avoir mal avec la droite plutôt qu’avec la gauche ; ça lui donne au moins le sentiment d’exister.
Le français choisit de s’abstenir, surtout quand l’avenir des générations futures est en jeu.
Le français préfère humilier les pauvres et respecter les riches, surtout ceux qui ne le respectent pas.
Le français considère le président de la République comme la seule personne capable de sortir le pays de la crise, et vilipende tous les fonctionnaires de l’état qui travaillent dans l’ombre, toutes ces personnes sans qui les politiques ne pourraient rien faire.
Le français a voté Sarko pour pouvoir vider son fiel sur lui le moment venu.
Le français n’a pas voté Ségo car c’est une femme et qu’elle n’a pas mis un joli tailleur le soir du débat télévisé.
Le français vote à droite car, avec ses petits moyens, il se croit riche le temps d’un scrutin.
Le français admire les résistants qui ont défendu le pays pendant la dernière guerre et se retrouve pleinement dans les valeurs « travail, famille, patrie ».
Le français considère que mai 68 n’a fait que reculer la société et accepte, sans même s’en rendre compte, tout ce que mai 68 a apporté comme si cela avait toujours existé.
Le français estime que la France est à reconstruire, comme après la guerre, sauf qu’il n’y a pas eu de guerre depuis longtemps.
Le français est toujours prêt à se battre pour sa condition sauf pendant les matchs de foot, les compétitions de rugby, les jeux olympiques, les courses automobiles, les rallyes, les tournois de tennis, le tour de France, la coupe du monde d’athlétisme, la coupe d’Europe et tant d’autres épreuves sportives.
Le français n’accepte pas le dopage et applaudit le maillot jaune dans la montée de l’Alpe d’Huez.
Le français est contre la pollution et roule en 4X4.
Le français aime le bio et conspue les écolos de tout poil.
Le français estime indispensable que le syndicalisme existe et ne cotise à aucun syndicat.
Le français en veut à son patron et ne lui demande jamais d’augmentation de peur de l’ennuyer avec ses soucis d’argent.
La français place son argent en bourse et s’imagine riche, même s’il va faire partie de la prochaine vague de licenciements qui permettra aux actionnaires d’obtenir un rendement supérieur à leurs fonds.
Le français ne milite pas car il pense qu’il pourra toujours tout négocier, le moment venu, sans l’aide de personne.
La français ne descend pas dans la rue pour contester et apprécie toutes les avancées sociales.
Le français se vante d’être arrivé tout seul a se faire une situation et oublie qu’il y a eu sur sa route un prof, un ami, un père ou une mère, un frère ou une sœur, un cousin, une tante, un copain, une personne qui a cru en lui à un moment de sa vie.
Le français espère beaucoup de son pays et lui consacre toutes ses critiques.
Le français croit en sa carrière professionnelle, donne plus de son temps à son entreprise s’il le faut et montre du doigt les chômeurs, les RSA, les exclus, les précaires, tous ceux qui ne veulent rien faire.
Le français travaille beaucoup et est prêt a travailler encore plus pour augmenter le nombre de candidats à l’emploi parce qu’il est certain qu’il ne le deviendra jamais.
Le français croit tout ce qu’on lui dit à la télé, surtout sur TF1.
Le français approuve la démocratie et ne verrait pas d’inconvénients au retour d’un roi ou d’un empereur qui déciderait de tout, comme le fit si bien Napoléon pour qui il a une admiration sans faille.
Le français cherche la reconnaissance et ne considère personne.
Le français n’est pas croyant et se marie à l’église.
Le français aimait l’abbé Pierre et ne veut pas de logements sociaux à côté de chez lui.
Le français considère que les gens du voyage n’ont qu’à voyager sans s’arrêter dans leur commune.
Le français trouve que les pauvres n’ont pas d’éducation.
Le français paie ses impôts à contre cœur et profite de toutes les richesses de son pays.
Le français s’épanouit dans les actions humanitaires, dans des tâches généreuses et charitables, et ne comprend pas pourquoi avec autant de temps et d’énergie, les pauvres continuent à être pauvres.
Le français adore le talent et l’originalité, et encourage chacun, surtout ses proches, à rester dans le conformisme.
Le français ne regarde jamais en arrière, ne s’intéresse que peu à l’histoire, car il estime que l’expérience des autres ne sert à rien et que seul l’avenir compte.
Le français bénéficie de tous les progrès sociaux et pense que l’on peut revenir sur tous les avantages acquis.
Le français estime qu’il paye trop de charges, que la sécurité sociale coûte trop chère, et admire les structures mises en place dans le domaine de la santé lorsqu’il va se faire soigner à l’hôpital.
Le français fantasme beaucoup sur les infirmières et se retrouve comme un enfant perdu dès qu’il est entre leurs mains.
Le français n’est pas raciste et juge qu’il y a beaucoup de noirs dans les rues ou dans l’équipe nationale de foot.
Le français est ému par le chant guerrier de la Marseillaise au moment des jeux olympiques et apprécie la trêve pacifique que représente le déroulement des épreuves sportives.
Le français se moque facilement des autres et accepte mal les critiques de son propre comportement.
Le français a depuis longtemps découvert d’où viennent la plupart des problèmes de société auxquels il est confronté et s’étonne encore qu’on puisse parler de boucs émissaires pour chaque situation.
Le français a de la compassion pour les pauvres et de l’admiration pour les riches.
Le français veut réussir sa vie et empoissonne celle des autres.
Le français exige de l’autorité, surtout en regardant les informations télévisées.
Le français refuse l’exclusion et achète une maison à la campagne.
Le français est fier d’être français et se rend à l’étranger en vacances avec un appareil photo japonais, une valise américaine, une voiture allemande, des chaussures italiennes ou du matériel de camping made in China.
Bref ! Le français est français et c’est ce qu’il préfère ! Il est facile à cerner, surtout dans ses contradictions.